La médiation animale, une parenthèse de réconfort pour nos patients

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3 mars 2023
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L’Unité de Soins Palliatifs a abouti un projet de médiation animale pour les multiples bénéfices connus de cette pratique qui mobilise les liens réciproques entre l’Homme et l’animal.
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Une réflexion en équipe a été menée sur les besoins des patients et de leur entourage et sur les buts d’une telle thérapie. Mme Kirsch, psychologue du service a suivi une formation spécifique et travaillé sur un projet de soins. L’équipe EOH a été sollicitée pour la rédaction du protocole sanitaire nécessaire à l’accueil des animaux dans le service, et l’association Mille Et Une Petites Pattes a mis à disposition ses animaux et matériel nécessaires à la tenue des séances.
La Ligue contre le Cancer a contribué financièrement au projet.

Le choix des animaux s’est porté sur les cochons d’inde pour la bonne connaissance de l’espèce par la psychologue qui mène l’activité ainsi que pour les caractéristiques de ces animaux.

En effet, ils sont petits, donc adaptés à la faible mobilité des patients qui sont souvent alités et affaiblis. Ce sont des animaux particulièrement gentils et calmes, ce qui épargne la gestion de griffures ou de morsures et permet un moment favorisant l’émergence du discours et l’accès à la détente. Ils ont été spécifiquement éduqués et familiarisés à l’environnement hospitalier (les bruits, les lieux), et l’environnement en chambre (les genoux des patients, le nourrissage par différentes personnes…).

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La médiation par l’animal est un processus. Il s’agit de mettre en lien des patients (et/ou leurs proches) et des animaux. La relation qui se crée est un ancrage à divers objectifs, notamment la mise en mots de ce qui ne peut être dit dans un espace de parole classique. Dans l’unité, la médiation par l’animal est pensée à différents niveaux.

Pour les patients et leurs familles, elle permet : la verbalisation de ce qui parfois ne peut pas être dit ailleurs et autrement, l’accès à un temps en dehors du quotidien de la maladie et de l’hospitalisation, le renversement des postures (c’est le patient qui, pour un temps, devient pourvoyeur de soins envers l’animal), la possibilité de parler d’autre chose que le quotidien parfois enfermant de l’hospitalisation, et la reviviscence de souvenirs…

Les possibilités et objectifs sont multiples. Les premières séances ont commencé en février, la proposition de visite des animaux est validée en équipe pluridisciplinaire avant d’être soumise au patient. S’il est volontaire pour cette rencontre, alors la médiation par l’animal est mise en place.

Paroles de soignant vis-à-vis de la place de la médiation animale dans le service.

  • Ainsi, Monsieur F., âgé de 73 ans arrive en soins palliatifs avec la certitude que sa fin de vie est proche. Il fait face, fait ses adieux à ses amis et contre son attente, il va mieux au point qu’un retour à la maison en HAD ou un SSR se discute. Il se défend de toute anxiété… Face aux cochons d’inde, il verbalisera qu’ils sont très anxieux de changer de lieu, se questionnera sur la façon de les rassurer, et me dira qu’il leur manque des dents…. En réalité les cochons d’inde vont très bien, et monsieur, par le biais de mécanismes de projection/identification, exprime là sa propre anxiété, et évoque l’image de son corps abimé par la maladie, ce qui n’avait été que peu possible en entretien classique.
  • Un autre patient (Monsieur D., 81 ans) évoquera avec nostalgie le dernier voyage qu’il a fait avec son épouse, au Pérou, au cours duquel tous les deux ont mangé du cochon d’inde ! Leur fille, présente, parle des animaux qu’elle a à la maison, et évoque la difficulté de perdre son animal (elle peut ainsi évoquer de façon détournée, et psychiquement acceptable pour elle, des craintes au sujet du deuil qui s’annonce). Mr D. dira à une soignante au sujet de la séance de médiation : « c’est formidable ! ».

L’activité est dans ses débuts. L’accueil est positif de la part des familles, des patients, et des soignants, qui peuvent aussi profiter de la présence des animaux dans le service. Cela permet de créer des liens en dehors des soins, au sein des équipes soignantes, et entre les soignants et les patients.
Il est également prévu de développer pour les enfants, un atelier autour de la thématique du « soin animalier » pour permettre l’éventuelle expression par le biais de la relation à l’animal, des vécus particuliers de l’hospitalisation d’un proche.

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